En 2008, quelques mois après
avoir été sacré champion
d’Europe, il avait écrit une
belle page d’histoire du sport
britannique en devenant, à 14
ans et 81 jours, le plus jeune
athlète de son pays à prendre
part aux Jeux olympiques,
s’érigeant en véritable
coqueluche du royaume, qui
allait par ailleurs s’émouvoir
trois ans plus tard lors du
combat contre le cancer
finalement perdu par son père.
Et en 2012, avec tout le poids
de la nation sur ses épaules, il
avait décroché la médaille de
bronze au plongeon de haut
vol (10 m), déclenchant un peu
plus l’hystérie outre-Manche.
Ce lundi, Tom Daley, 19 ans
désormais, a fait l’actualité
autrement. Dans une vidéo de
5 minutes sobrement intitulée
« J’ai quelque chose à vous
dire… » diffusée sur YouTube,
il a calmement annoncé qu’il
entretenait depuis quelques
mois une relation avec un
homme. « Je suis sorti avec des
filles mais jusqu’à présent, je
n’avais jamais eu de relation
sérieuse ni ressenti le besoin
d’en parler, a-t-il déclaré. Mais
au printemps, ma vie a
profondément changé après
avoir rencontré quelqu’un qui
m’a rendu totalement heureux
et m’a complètement sécurisé
et aujourd’hui, je me sens
bien. Et cette personne est un
homme. »
Ce « coming out », certes
inattendu dans son scénario,
n’a pas fondamentalement
surpris. Il y a quelques mois,
le magazine gay Attitude l’avait
élu « homme le plus sexy du
monde » et des rumeurs sur
son homosexualité avaient
percé. Mais lorsque le
quotidien The Guardian l’avait
interrogé peu après sur la
question, il avait démenti être
gay en ajoutant que « si je
l’étais, je n’en serais pas
honteux. Peu importe ce que
les gens pourraient penser de
moi. »
Comme il l’a reconnu, « dans
un monde idéal, (il) n’aurait
pas fait cette vidéo parce que
cela (sa relation) ne devrait
pas avoir d’importance ». S’il y
a finalement succombé, c’est
parce qu’il a estimé avoir été
cité erronément dans
l’interview du Guardian . D’où
le support du son et de l’image
pour que les choses soient
claires. « Les gens se feront
leur propre opinion et certains
en feront sans doute une
affaire d’Etat. En est-ce
vraiment une ? Je ne pense
pas. » Sa révélation publique
devrait aussi lui permettre de
ne plus craindre d’être
constamment épié et de voir sa
vie privée violée par des
voleurs d’images qui
pourraient alors inonder les
réseaux sociaux.
Tom Daley n’est pas le premier
sportif à parler ouvertement de
son homosexualité (ou, dans ce
cas-ci, de sa bisexualité car il a
précisé qu’il continuait à aimer
les filles). Au mois d’avril
dernier encore, le basketteur
américain Jason Collins , qui
évoluait aux Washington
Wizards, avait fait sensation en
livrant son témoignage au
magazine Sports Illustrated ,
devenant le premier joueur
d’un sport collectif majeur à «
sortir du placard ».
Mais, au contraire de ce
dernier, le statut d’icône du
plongeur britannique, à la fois
dans sa discipline et dans son
pays, et son jeune âge auraient
pu le freiner à l’heure
d’affronter le grand public,
tant pour des raisons de
convenance personnelle que
pour des raisons commerciales.
Il a préféré jouer cartes sur
table et sa sortie pourrait aider
à faire évoluer les mentalités
et à faire un peu plus reculer
l’homophobie dans le sport.
Surtout à l’heure où le sujet
risque d’être un thème majeur
lors des Jeux de Sotchi, dans
un pays qui a instauré des lois
anti-gays.
Peu de temps après la diffusion
de la vidéo, Tom Daley a reçu
de nombreuses marques de
soutien dont celle de son
prestigieux aîné, l’Américain
Greg Louganis, quadruple
champion olympique de
plongeon, lui aussi
homosexuel, qui a souligné son
courage. « Nous venons de loin
mais la route est encore
longue, lui a-t-il adressé dans
une lettre ouverte. (…) Ni moi
ni lui ne sommes ou avons été
des leaders d’opinion, mais à
notre petite échelle, nous
avons essayé de faire de ce
monde un endroit avec plus de
compréhension et de tolérance.
jeudi 12 décembre 2013
Le grand plongeon de Tom Daley
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire